Industrie automobile: Tosyali se lance dans la production de l’acier plat

Tosyali Algérie, leader dans le domaine de la sidérurgie, poursuit sa politique d’investissement en Algérie, en lançant pratiquement chaque année, de nouveaux investissements « des extensions » et parfois des « méga-projets » en Algérie. Et ce, pour répondre aux besoins du marché local et pour développer l’exportation.

Après la production locale du rond à béton et le fil machine, l’entreprise turque de droit algérien (Tosyali) a décidé de se lancer dans la production locale de l’acier plat, destiné à l’industrie automobile, électroménager, pipes, de l’emballage métallique, de l’industrie de la construction et de l’industrie navale. Le projet commence à prendre forme du moment que les travaux d’engineering et du terrassement viennent d’être terminés.

Les travaux pour la réalisation de cette unité seront lancés, effectivement, vers la fin de cette année (2019) et l’entrée en production est prévue après 30 mois de son délai de réalisation. Ce projet, une fois réalisé, devra assurer une capacité de production de 2 millions de tonnes par an, en acier plat.

Le but étant, selon Alp Topcuoglu, membre du Conseil d’administration du groupe ‘Tosyali’ qui s’est réuni avec un groupe de journalistes au bureau de l’entreprise, à Alger, est de répondre aux besoins de l’industrie automobile et d’autres industries. Autrement dit, répondre aux besoins déjà formulés, notamment en matière d’augmentation des taux d’intégration industrielle.

Un autre projet est déjà sur rails, pour la production locale de tube ‘spirale’ (hydraulique) en Algérie. L’entrée en production de cette unité, située dans le grand complexe implanté dans la zone industrielle de Béthioua (wilaya d’Oran), est prévu pour la fin de cette année. Et ce, avec une capacité de 250.000 tonnes par an. Sachant que Tosyali est parmi les 3 entreprises leaders en tube ‘spirale’ en Europe.

Le groupe Tosyali ne compte pas s’arrêter là, mais affiche ses ambitions pour « coopérer » entre autres avec la Société nationale de fer et de l’acier (Feraal) pour des investissements et l’exploitation du gisement de fer de Ghar-Djebilet (Tindouf). Alp Topcuoglu a affirmé dans ce sens, que son groupe est en train de négocier avec le ministère de l’Industrie et Feraal qui est la société d’exploitation de Ghar-Djebilet, pour une coopération effective.

Et ce « soit en entrant dans le capital de Feraal, en tant que minoritaire, sachant qu’on est prêt à collaborer dans tous les sens, soit en mettant notre savoir-faire de gisement, au service de cette entreprise publique, ou bien par la création d’unité d’enrichissement et de déphosphoration du gisement » .

Notre interlocuteur a indiqué, dans ce sens, qu’ « on a fait des essais dans le laboratoire de notre groupe, en Turquie, et le minerai de fer a été apuré des résidus de phosphate» ce qui est positif.

Exportations de 70.000 tonnes de rond à béton vers les Etats-Unis

Le membre du Conseil d’administration de Tosyali Algérie a affirmé qu’il y a eu des améliorations en matière de logistique dans les deux ports d’Oran et de Mostaganem, mais la capacité demeure toujours limitée pour les grands tonnages. « Mais précise-t-il, avec la réception, d’ici la fin de l’année, du quai minéralier et du convoyeur pour le transport de minerais de fer, au port d’Arzew, on va pouvoir développer davantage nos exportations ». Et de préciser que ce port minéralier sera destiné pour l’exportation du gisement Ghar-Djebillet.

La Société Tosyali Algérie, a été créée en 2007, suite un partenariat entre l’Entreprise portuaire d’Arzew (EPA) et la société turque de sidérurgique Tosyali. Le montant d’investissement a atteint 1,9 milliard de dollars de 2007 jusqu’au 1er semestre de l’année 2019. Le capital libéré par Tosyali, en Algérie est de 50 milliards de DA.

En termes de production, la société a produit 2,6 millions de tonnes, en 2018, et dépassera 3 millions de tonnes, en 2019. L’entreprise turque de droit algérien a, également, commencé d’exporter du fer produit en Algérie vers les Etats-Unis.

« Nous avons déjà exporté 70.000 tonnes de rond à béton, notamment aux Etats-Unis et bientôt on va exporter d’autres produits en Afrique de l’Ouest». Et d’ajouter que «Tosyali Algérie va, également, exporter des tubes ‘spirale’ à la Roumanie, car on vient d’emporter le marché de canalisation de ce pays », dit-il. « Avec la mise en service de notre quai minéralier, nous allons éliminer le problème de logistique et l’année prochaine nous envisageons d’exporter au moins 500. 000 tonnes de rond à béton », présage-t-il. Et d’indiquer que son groupe envisage de réaliser « la première action d’exportation de tube spirale dans l’histoire de l’Algérie » en précisant « nous avons décroché le plus grand marché de la Roumanie, c’est-à-dire, toute la distribution de tube hydraulique sera réalisée par Tosyali, ainsi que des exportations en destination de la Belgique (pieux métalliques pour les ports). A cela s’ajoutent des opérations d’exportations qui sont prévues en destination de l’Egypte, dans le cadre de la Zone arabe de libre-échange qui exonèrent des taxes douanières.

Tosyali promet d’améliorer les conditions de travail de son personnel

L’entreprise emploie 4.000 travailleurs. Elle a contribué en plus à la création de 12.000 emplois indirects. L’entreprise turque de droit algérien a, également, recruté 150 ingénieurs algériens « et nous avons plein de personnel qui ont été promus à des postes supérieurs », nous dira Alp Topcuoglu. Pour ce qui est des expatriés « ils ont certains niveaux de qualification, au nombre de 700 Turcs alors que les travailleurs algériens sont au nombre de 3.300 ». Pour ce qui est du recrutement, notre interlocuteur a précisé que son entreprise a respecté la réglementation algérienne en la matière en passant par l’ANEM et en faisant appel à des entreprises de recrutement agréées.

Concernant les mouvements sociaux qui ont, déjà, paralysé le complexe, à maintes reprises, notamment la dernière grève, ce responsable de l’entreprise a affirmé que certaines revendications des travailleurs sont légitimes, à l’exception de celle relative au rythme du travail.

Il a tout de même reconnu que son groupe n’a pas su communiquer avec ses travailleurs. «Nous sommes responsables en quelque sorte concernant cette recrudescence des grèves, car on a peu communiqué avec les représentants des travailleurs du complexe ». Et de préciser que « tout est rentré dans l’ordre puisque nous avons répondu favorablement à la majorité des revendications du personnel ». « Nous avons donné des instruction fermes à notre administration pour l’amélioration continue des conditions de travail dans notre complexe ». Il a tenu à souligner que l’entreprise a répondu à quelques revendications de ces travailleurs. Le responsable de Tosyali a annoncé la programmation des rencontres avec les représentants du personnel qui seront tenues chaque mois afin d’améliorer davantage les conditions de travail, au sein du complexe, car dit-il «l’élément humain est le socle de la réussite dans n’importe quelle entreprise».

Le Quotidien d’Oran

30/05/2019